Synopsis
C’est pour vous, Blaise Cendrars, que j’ai écrit ces lignes, parce que je savais que vous comprendriez. Vous qui avez vu tant de choses, tant de pays, tant de monde, vous qui aussi avez connu les Indiens, vous qui n’avez peur ni de dieu ni du diable, ni de la vie ni de la mort. Ainsi débute Indiens en bleu de travail. Jaime de Angulo raconte dans cet ouvrage paru en 1949 ses séjours avec les peuplades indiennes de Californie. Déroutant et inclassable, publié à l’instigation d’Ezra Pound, ce récit fait date dans la littérature américaine. Entre investigation linguistique, aventure anthropologique, récit de voyage et roman picaresque, dans le tourbillon hallucinatoire des temps de la réminiscence, Indiens en bleu de travail interroge et réactive l’idée de pouvoir : pouvoir évocateur des mots et de la parole, qui ressuscite une réalité disparue, pouvoir coercitif du langage et du chant, qui guérit, contraint et empoisonne. Pouvoir porté par le franchissement : ceux qui étaient morts sont vivants, le sujet s’ouvre à l’infini. Indiens en bleu de travail est aussi le constat d’un échec et d’une occultation programmée : « les Indiens ont disparu, il n’y a plus de chant à enregistrer. »
About the Author
William Carlos Williams dira de Jaime de Angulo qu’il était l’un des plus remarquables écrivains jamais rencontrés. Il inspira tout un génération de poètes, de Jack Spicer à Robert Duncan. L’auteur apparaît dans Les Anges vagabonds de Jack Kerouac. Henry Miller dresse le portait de ce personnage outrancier et atypique dans Un Diable au Paradis (voir notice biographique…) alors qu’ils partagent la même vie de bohème à Big Sur. Né en 1887 ou 1888 d’une famille d’aristocrates espagnols en exil, Jaime de Angulo il part pour l’Amérique sitôt la majorité atteinte, devient cow-boy, investit un héritage dans un ranch à chevaux et rencontre les Indiens de Californie. Mais il quittera cette vie aussi, pour l’exercice de la médecine, puis de la psychiatrie. Après la Première Guerre mondiale, de retour en Californie, il s’intéresse à la linguistique et à une «anthropologie sauvage», qui consiste notamment à «rouler dans les fossés avec les chamans». C’est un chemin tout en marges qui le conduira à une vie d’ermite à Big Sur. Quand survient le cancer, il retourne à Berkeley où il se consacre à son œuvre littéraire. Il meurt en 1950.
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