Extrait XIX Tout le monde sain et sauf, nous partons pour Paris. Mais, arrivés à Saint-Denis, plus de train. Il était quatre heures du matin. Les Allemands étaient maîtres de tous les environs de Paris ; et les trains ne fonctionnaient que pour leur service. Après une heure de démarches, de pourparlers, de rebuffades, je rencontrai un officier supérieur plus éduqué, plus aimable, qui fit chauffer une locomotive qui devait me transporter gare du Havre (gare Saint-Lazare). Le voyage fut très amusant : ma mère, ma tante, ma sœur Régina, Mlle Soubise, les deux femmes de chambre, les enfants et moi, nous nous casâmes dans un tout petit carré dans lequel était un tout petit banc étroit appartenant, je crois, au guetteur de l’époque. La machine marchait lentement, les rails étant souvent barrés par des chariots, des wagons. Partis à cinq heures du matin, nous arrivâmes à sept heures. À un endroit que je ne puis définir, nos conducteurs allemands avaient été changés contre des conducteurs français. Alors, je m’informai, et j’appris que Paris était troublé par des mouvements révolutionnaires. Le chauffeur, avec qui je causais, était un être très intelligent et très avancé. « Vous feriez mieux, me dit-il, d’aller ailleurs qu’à Paris, car, d’ici peu, on se cognera. » Nous étions arrivés. Je descendis avec ma smala de la locomotive, au grand ahurissement des gens de la gare. Je n’étais plus bien riche, mais j’offris vingt francs à un homme d’équipe qui consentit à prendre nos six valises. Nous devions faire chercher ma malle et celles de ma famille, le tantôt.
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