Product Type
Condition
Binding
Collectible Attributes
Free Shipping
Seller Location
Seller Rating
Publication Date: 1873
Seller: PRISCA, Paris, France
First Edition Signed
Couverture souple. Condition: Bon. Edition originale. Dès sa naissance, il est affligé d'une insatiable voracité. Ses parents le placent comme apprenti. Son patron le brutalise et, pour le punir de sa boulimie, imposée par la forte constitution de Victor mais qu'il prend pour de la gourmandise, il diminue sa portion quotidienne de nourriture. Alors, qu'affamé il vole le morceau de pain du contremaitre, celui-ci le surprend et le punit en le fouettant avec le fouet réservé au chien de garde. À partir de ce moment, il n'a plus qu'une seule idée en tête : échapper à ce calvaire. Victor est en fait d'un naturel gentil et prévenant. Lorsqu'au jardin du Luxembourg il voit un grand garçon enlever un accordéon à un plus petit, il lui reprend le jouet pour le restituer au gosse. Conscient de sa force, il n'hésite jamais à aider à pousser les voitures à bras que beaucoup ont du mal à faire monter la rude pente de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Un jour où il fait une course pour son patron place Maubert il voit la voiture d'un laitier renverser un garçon de son âge porteur d'un clayon rempli de viande. Tandis que le laitier s'enfuit, il aide la jeune victime à se relever et, constatant qu'il n'est plus en état de reprendre son service, il charge sans effort sur sa tête la lourde pièce de viande de 250 livres et va la livrer à son destinataire, un boucher tenant boutique rue Mouffetard. L'incident donne une idée de sa force herculéenne alors qu'il n'est encore qu'adolescent. Pour Ernest Raynaud, il est brusquement pris de passion pour l'univers sanglant qu'il découvre alors : les commis sont en train de découper les bêtes qui viennent d'être abattues et c'est une débauche de chairs découpées et de sang. Il est fasciné et ne peut s'empêcher de participer au carnage : il s'empare d'un couteau et, bien que novice, s'attaque à décortiquer un cuissot de veau. Pour Gustave Macé, les choses se passent plus simplement. La livraison d'un confrère qu'apporte Victor au boucher, provient de vaches tuberculeuses interdites à la vente. Si la police était intervenue après l'accident il risquait de gros problèmes. Dans la boucherie, maitres et commis sont de gros mangeur et viande, pain, vin, voire liqueurs sont disponibles à discrétion, ce qui convient parfaitement à son appétit d'ogre. Il aime l'odeur du sang et semble éprouver une réelle jouissance à manipuler la viande. Dans la boutique, on parle le Louchébem et les moeurs sont très libres : la caissière est la maitresse du patron ventripotent et la domestique celle de l'étalier. Toutes deux ne résistent pas longtemps à l'attirance pour le bel apprenti. Il s'ensuit des jalousies violentes qui provoquent le licenciement de Victor. Peu de temps après, il retrouve du travail dans un établissement de la rue Saint-Honoré. Dès le 1er juillet 1869 il est engagé par la police municipale de Paris. Le 10 septembre 1879 vers huit heures du soir, madame Thiéry, une habitante du quartier désert à cette heure, aperçoit la silhouette d'un homme vêtu d'une blouse de conducteur de bestiaux. Madame Thiéry s'approche prudemment de l'endroit qu'il a abandonné et y découvre, à moitié coincé dans une bouche d'égout, un paquet contenant de la viande fraîchement coupée. À ce moment survient un gardien de la paix du nom de Hardy, à qui elle montre sa découverte. Des recherches sont aussitôt entreprises et permettent de retrouver soixante-dix-sept débris supplémentaires, dont trois sont récupérés à un chiffonnier qui s'apprêtait à les vendre pour être consommés. D'autres débris, dont une main et « les parties sexuelles d'une personne ayant appartenu au sexe masculin. » sont retrouvés. En définitive, seule la tête reste manquante, ainsi qu'un morceau qu'on ne retrouvera jamais car un miséreux « l'ayant ramassé soigneusement empaqueté comme un morceau de veau tombé du filet d'une ménagère, l'a fait cuire dans sa baraque et s'en est régalé en famille ». Signé par l'auteur.