« C’est ainsi que, pour la plupart des grands penseurs du progrès social qui, au XIXe, le citent et le plagient – Nietzsche, Renan, Michelet font exception –, Saint Paul préfigure la démarche de l’humanité. Victor Hugo est exemplaire quand il écrit :“Le chemin de Damas est nécessaire à la marche du progrès. [...] Le progrès se fera par une série d’éblouissements.” »Ces penseurs – Henri de Saint-Simon, Auguste Comte, Pierre Leroux, Edgar Quinet, Victor Hugo, Lamennais, Léon Bloy – ont en commun qu’ils trouvent dans les textes de Paul un étayage qu’ils jugent extrêmement solide pour une refondation sociale, pour une réforme politique d’ensemble. À leurs yeux, il est nécessaire, parfois même urgent, d’aller chercher chez Paul les principes élémentaires, les prémisses d’une transformation de la société actuelle.Ils auront pris appui sur une démarche de pensée qui consistait à modifier le passé pour rendre légitime le présent souhaité. Leur Paul, qui infiltre les représentations occidentales du monde, est-il bien différent du nôtre ?À l''origine de ce livre, il y a un étonnement quant aux usages que l''on fait des textes de Saint Paul, et un malaise qui a trait à des silences reconduits dans l''histoire. La démarche de Paul n’en est pas innocente, qui consiste à chercher dans l’Ancien Testament des événements ou des énoncés qui, désormais, ne seront plus là qu’à titre de présages. L’Ancien est déclaré périmé, obsolète ou dépassé, pour que le Nouveau puisse le remplacer une fois pour toutes. Saint Paul est sans doute celui qui va le plus loin dans ce mode d’« argumentation » – une argumentation qui sera fréquemment reprise jusqu''à aujourd''hui par les théologiens, aussi bien catholiques que protestants.
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