About this Item
Édition originale en 6 volumes in-8, 21 x 13 cm ; 632, 656, 624, 640, 632, 640 pages. Reliure demi-basane noisette d'époque, dos lisse orné, pièces de titre et de tomaison respectivement en veau rouge et vert, tranches jaunes. Reliures en très bon état, corps d'ouvrage en bon état malgré quelques rousseurs et feuilles brunies. Ce « Conservateur », est en fait un recueil ultra-royaliste qui, afin d'échapper à l'emprise de la censure sur la presse quotidienne, a paru en 78 livraisons d'octobre 1818 à mars 1820, avec un tirage qui a démarré à 3000 exemplaires pour atteindre 6000 exemplaires dès octobre 1818. Il faut se rappeler les conditions matérielles (pas même un bureau) dans lesquelles travaillait ce qu'on ne saurait appeler l'équipe de rédaction, avec en particulier leurs susceptibilités et leurs haines personnelles, jusqu'à l'assassinat du duc de Berry qui provoquera le sabordage du journal. Quel était en fait le véritable "décideur"? Pas Chateaubriand en tout cas, malgré son rôle primordial dans le lancement et le succès de la publication. Pas non plus Bonald, ni Lamennais, ni Fiévée, collaborateurs pourtant essentiels, pas même Vitrolles, l'intermédiaire obligé, pas non plus l'imprimeur Le Normant. Le bailleur de fonds fut le Comte d'Artois (futur Charles X) qui voit dans la publication un moyen de réunir un parti ultra divisé et cesse de soutenir un recueil qui, après la mort du duc de Berry, ne peut plus être un catalyseur. L'analyse du contenu des articles, permet de dégager la continuité d'une attitude et l'affirmation d'une philosophie. Il faut se distancer du jugement de Charles Maurras : "Chateaubriand fut le fossoyeur de la monarchie. Il a trouvé dans sa carrière de journaliste, de pamphlétaire, de pair ou de ministre les émotions en quelque sorte esthétiques qui lui convenaient ». On sait que pour sa part, dans sa thèse sur « La carrière politique de Chateaubriand de 1814 à 1830 », Emmanuel Beau de Loménie voit dans Chateaubriand, un très grand homme politique soucieux d'adapter la monarchie à son temps et dont les avis, s'ils avaient été suivis, auraient pu sauver la monarchie légitimiste. À la lecture, on constate sans aucune hésitation que Chateaubriand reste un remarquable journaliste politique, fermement armé, d'une part par sa volonté d'amener les ultra-royalistes à accepter la monarchie constitutionnelle issue de la Charte et d'autre part, par l'idée que l'aristocratie foncière, contre cette bourgeoisie qu'il exècre, notamment en la personne de Decazes, est la mieux à même de diriger la France en alliant continuité et liberté. Ce texte est là pour rappeler que l'appréciation d'un écrivain se donnant tout entier dans ce qu'il estime la mise à l'heure de la politique et de la société, grâce à sa réflexion au jour le jour, nous aide à entrer au coeur des comportements et des mentalités politiques, au temps d'une Restauration qu'il n'a pu consolider, qu'il n'était pas possible d'affirmer. Cette collection, rare dans cet état, est une source importante d'informations sur la Restauration, le parti ultra-royaliste du Comte d Artois, ainsi que le style de Chateaubriand et ses amis politiques. Seller Inventory # Lpds230712CcSAR577
Contact seller
Report this item
